Levialhem
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 | Sujet: Sous obligations des supérieurs | Pv.Arashi  Mar 14 Aoû - 21:36 | |
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Ses pattes foulaient avec souplesse le sable des terres Zagâns. Il quittait ce camp devenu insupportable. Bientôt, il laisserait éclater sa rage, enfuie depuis trop longtemps au fond de ses entrailles. Va y, défoule toi. Le monstre qu'il était, tapit au fond de lui, ne cessait chaque jour de grandir un peu plus. Un jour, il perdrait le contrôle, et se laisserait porter par ce côté plus que bestial. Ce côté assassin, qui n'attendait qu'une chose : goutter pour la première fois au goût du sang d'un de ses semblables. Etait-il un sadique ? Non. Un sociopathe ? Non. Juste une âme perturbée ne sachant où trouver appuie.
Il bondit en avant, se posant de justesse sur une large roche. Ou allait-il comme ça ? Dans un endroit éloignée, oui. Très loin. Il ne voulait croiser personne, ne voulait parler à personne.
Il se sentait trahi, bousculé. Et surtout, utilisé comme un pauvre objet, une pauvre objet. Il rejeta sa tête en arrière, poussant un long hurlement rageur, espérant ainsi se calmer un tant soit peu. Que nenni.
Haletant, ses flans se soulevant à vives allures, il courut à pleine vitesse, ses pattes frôlant à peine le sol poussiéreux.
Ses pas le menèrent hors du territoire de son clan. Il était loin, désormais. Soupirant, il ferma un instant les yeux, calmant sa rage et sa peine. Ainsi, les Alphas Strauss et Shaïrah, décidaient de tous, dans la meute. Même de couple, arrangeant des unions forcées. Lui se retrouvait donc avec Arashi, sa chère collègue espionne. Il gronda, découvrant l'intégralité de ses crocs. Un pas en avant, il s'approchait un peu plus du bord, regardant d'un œil distant les cailloux tombant dans la mer à ses pattes. Pourquoi avec elle ? Et pourquoi lui ? N'y avait-il pas d'autres mâles dans la tribut ? Un autre pas en avant, ses pattes avants étaient à deux doigts de basculer dans le vide, et lui avec.
" Kaïsuke... "
Une voix résonna dans son dos. Le dénommé exécuta une rotation de 360 degrés, observant sous ses yeux ébahis son ainé. La lune lui tapait dans le dos, auréolant sa silhouette de reflet blanc. Il était un grand oiseau de nuit, aussi digne que le corbeau. Baissant légèrement la tête, il fit quelques timides pas en sa direction. Allait-il de nouveau s'évaporer, disparaitre sans laisser de trace, le laisser seul ?! Il accéléra l'allure, jusqu'à courir vers lui. Puis il bondit en avant, posant ses pattes ses épaules, le faisant basculer en arrière. Il le contempla, longuement, leurs yeux rouges se défiant mutuellement. Puis Kaïsuke se raidit, crachant alors d'une voix colérique à la gueule du mâle qui lui était si semblable.
" Où étais-tu, Iroshi ?! "
Il aurait pu le tueur, s'il l'avait souhaité. Il était là, piégé sous ses pattes, n'attendant qu'un coup. Fermant les yeux, Kaïsuke se détendit, arquant la nuque pour frôler la gorge de son frère, humant son odeur. Il avait perdu celle des Zagâns, pour arborer sa propre odeur, moins puissante certes, mais bien plus noble. Son odeur authentique, celle qu'il portait encore en étant un louveteau Nelgonir. Lui aurait tout donné pour retrouver la sienne. La seule solution était donc de rejoindre la vie de solitaire ? Ou celle de Nelgonir... Oh, oui, et ainsi tous ses problèmes disparaitraient.
Profitant de ce moment d’inattention, Iroshi s'arqua sous lui, posant ses pattes arrières contre son ventre pour le repousser, avant de prendre place au-dessus de lui.
" J’errais. "
Sans but, loin de tout. Il avait perdu son rêve, était devenu cette âme errante. Son museau vint se coller au sien, il s'immobilisa. Puis il glissa contre son visage, pour se poster à son oreille.
" Je suis venu te remettre dans le droit chemin Kaïsuke. Il nous reste une quête à accomplir, mon frère. Obéis à tes Alphas, et retourne cette situation contre eux. Cela prendra du temps. Mais tu auras une chance d'aboutir au souhait de papa. Et à mon souhait. "
Kaï' plissa les yeux, le regardant longuement. Écoute donc ton frère, obéis aux ordres, et façonne un monstre à ton image. Iroshi s’ôta de lui, le laissant respirer librement. Basculant sur le flan avant de se relever, il regarda son ainé lui tourner le dos.
" Tu vas partir, de nouveau. Et je ne pourrais t'en empêcher, n'est-ce pas ? "
" Non. A moins que tu ne me voles mon pouvoir. "
Il lui sourit tristement. Mais lorsqu'il tenta de s'évaporer, usant de son pouvoir de fantôme, il ne put pas, restant immobile et sur place. Kaïsuke le regarda froidemment, crachant quelques paroles amères.
" Je refuse de me soumettre. Je suis encore jeune. Je préfère avoir cette progéniture plus tard, quand je ne serais plus capable de faire cela par moi-même."
Iroshi soupira, haussant ses épaules musclées.
" Oui. Tu as raison... "
Cette fois-ci, il le laissa filer, disparaissant de façon fantomatique dans une trainée blanchâtre. Au revoir, mon frère.
Kaïsuke resta un long moment à contempler la mer, silencieusement. Il réfléchissait, à tout et à rien. Puis il se leva, délaissant sa place au profit d'une autre. Il était temps d'y aller. Il reprit sa course effrénée, sans se retourner vers le spectacle du soleil couchant.
Il finit par arriver à l'autre bout des terres neutres, se perdant à l'orée de la forêt de la nuit éternelle. Il était bien, ici, observant le crépuscule. Il ne voulait pas encore se foudre dans ces terres sombres, attendant le moment opportun.
Il devait l'attendre, elle.
L'Assassin au fond de lui, partie refoulé, trépigna. Lui aussi voulait jouer. Gouter son odeur, sa chaire et son sang. Kaïsuke avala sa salive, le faisant taire par la même occasion.
Il fallait donc se soumettre aux Alphas. Obéir à leurs règles stupides. Engendrer des enfants, défier le naturel, brusquer les choses. On ne laissait plus la nature faire, non. On s'imposait à elle, on organisait soigneusement les choses.
Ainsi, il avait décidé de changer le cours des choses. Du moins, il allait essayer. C'est elle qu'il devait désormais convaincre, d'une quelconque manière. Et si son plan ne marcherait pas, alors il exécuterait ce que les Alphas voudraient de lui.
Elle s'approchait, il la regardait sans bouger.
Pour les détester toujours un peu plus...
Il ne prononça pas un mot, se contentant de tressaillir tout en la regardant froidement.
...Ces hauts-gradés, qui ne valaient pas un sou...
Il retint sa respiration, lui fit face.
...Mais bientôt, le moment se présentera à lui...
Il attendit.
...Et il finirait par accomplir le rêve de plusieurs générations, le rêve de sa lignée.
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